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"Les pays de la Seudre et du sud de l'île d'Oléron, de part et d'autre du Pertuis de Maumusson, sont un des berceaux de l'ostréiculture. Nul paysage maritime n'est plus étrange que celui-là. A marée basse, on découvre loin au large les bancs vaseux plantés de milliers de piquets: ce sont les parcs à huîtres. Les terres basses, semi-aquatiques, qu'un réseau serré de digues cloisonne en une multitude de petits casiers miroitants, donnent, vues d'avion, une image de rizières d'Extrême Orient: ce sont les claires où verdissent les précieux mollusques. Débouchant tout près du pertuis de Maumusson où s'engouffrent furieusement et grondent aux grandes marées et aux tempêtes, les courants de flux et de jusant, la Seudre, ample et apaisée, déploie ses eaux grasses."

C'est en ces termes qu'était décrite la Seudre par le géographe Louis Papy, dans un ouvrage de 1937 "Aunis et Saintonge" publié chez Arthaud et réédité en 1961.

Photographie aérienne de la Seudre et du chenal du  Liman (rive gauche) avec le damier des claires (Association Seudre et mer, Mornac)

La Seudre dont le nom dérive de ser = rivière, davantage qu'un estuaire, est un bras de mer peu profond et bien abrité dont la navigabilité a attiré dès l'antiquité les navigateurs grecs et romains. La salinité de ses eaux a fait se conjuguer au moins dès le VII° siècle l'activité du sel et l'élevage extensif de poissons: à partir de 1228, des marais à seiches ont ainsi été construits sur les anciennes vasières de la Seudre, pourvoyant les moines en encre comme en nourriture. La Seudre est un petit fleuve côtier de 61 km de direction SE-NO qui prend sa source en Saintonge aux environs de St Genis de Saintonge et qui s'écoule en pente très douce (1 % en moyenne), parallèlement à la Gironde jusqu'à l'Océan atlantique en face de l'île d'Oléron. Sa portion continentale (41 km d'eau douce) se termine aux vannes des écluses du port du Riberou à Saujon. La section maritime se poursuit sur une vingtaine de km dans une zone de 8000 hectares de marais littoraux et de vasières alimentés en eau salée par un réseau dense de chenaux et d'étiers qui formaient l'ancien maillage des marais salants, aujourd'hui essentiellement reconvertis en claires, l'activité ostréicole étant de loin la plus importante de ce secteur et faisant office de carte de visite avec le label "Huîtres de Marennes-Oléron".
Logo des huîtres de Marennes-Oléron
    Bassin versant de la Seudre: les marais de la Seudre s'étendent depuis Saujon jusqu'à l'embouchure, face à l'île d'Oléron.

Carte tirée de l'excellent site http://www.fnh.org/naturoscope/Flore/marais/charente_seudre/charente_seudre.htm

 

 

   

Embouchure de la Seudre.

 

 

 
   

©" ORTHOLITTORALE 2000"

Orthophotographie littorale du marais de Souhe, en aval de Saujon, limité au sud-sud ouest par la Seudre, au Nord par le chenal du Pelard qui délimite le marais de Nieulle. L'éperon calcaire du village est bien visible au centre, auréolé par des marais asséchés et un damier géométrique d'anciens marais salants, eux-mêmes bordés, en bordure de Seudre, par une mosaïque de claires et de viviers. (mission IGN Ortholittorale de l'été 2000 à marée basse)
 
Et en guise de clin d'oeil poétique et malicieux, peut-on résister à la version très personnelle de Pierre Dumousseau, conteur et chantre infatigable saintongeais, qui nous livre ici une version très personnelle de la genèse de la Saintonge et des marais de la Seudre, une savoureuse mise en bouche pour les innombrables contes de ce narrateur de talent dont on peut retrouver quelques traces écrites aux Editions du Croît vif dont la boutique est située, 2 ruelle de l'Hospice à Saintes.
A lire et à savourer sans modération !
"Ayant pris soin d'embobiner le fil des jours sur sa divine navette, (Dieu) lança la trame et commença à tisser le monde. Très vite, (il) réalisa qu'une seule navette était bien insuffisante pour l'oeuvre monumentale qu'il s'était assignée. Alors il fit jaillir de son chapeau des dizaines, des centaines, des milliers, des milliards d'oiseaux qui allaient porter à leur tour le fil de trame et, sous la haute direction du Maître, tisser ... le nappes d'eau, les manteaux de neige, les voiles de brume, les rideaux de pluie, l'écharpe des nuages et le drapé des aurores boréales. Chaque oiseau voulut porter son fil à l'édifice, du plus humble roitelet jusqu'à l'aigle royal. L'oiseau de paradis, le roi des oiseaux, tissa la Saintonge où Dieu installera plus tard son Paradis terrestre; l'aigrette se réserva les marais de Seudre, l'alouette les collines de Haute Saintonge, la mouette l'île d'Oléron et les falaises girondines, et l'hirondelle le val de Charente. A peine quelques millénaires plus tard, le chef d'oeuvre était achevé."
La suite, vous pourrez la lire dans le recueil de contes dont est tiré cet extrait: "Au bout du Conte", Pierre Dumousseau, Collections Imaginaires, Le Croît vif, 2003