PATRIMOINE |
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Le
Pigeonnier du château de l'Eguille au début du XX° siècle
et détruit vers 1950 |
Le pigeonnier du Domaine de la Mauvinière au début du XX° siècle | |
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Schéma type d'une fuye |
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C'est
surtout au Moyen Age que s'intensifie en Saintonge l'élevage
des pigeons, les plus anciens colombiers remontant au XVI° siècle.
Ces édifices ruraux, le plus souvent cylindriques en forme
de tour trapue, portaient aussi le nom régional de fuie (ou
fuye). Privilèges réservés aux seigneurs, laïques
ou écclésiastiques, seuls dépositaires du droit
de colombier, ils étaient généralement isolés,
situés à proximité des châteaux ou des
logis importants. Les abbayes qui possédaient des établissements
agricoles, possédaient aussi des pigeonniers dans les prieurés
ou les fermes qui en dépendaient. |
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Les
colombiers étaient originellement coiffés d'une toiture
en dôme ou d'un toit en poivrière couvert de tuiles plates,
souvent à bout arrondi dites en écaille de poisson, avec
un épi de faîtage en plomb, représentant le plus
souvent un pigeon à l'envol. La majeure partie de ces édifices,
aujourd'hui en ruines ou décapités, ressemblent de loin à la
tonnelle d'un moulin. Pourtant, ils sont facilement identifiables à la
corniche de protection de pierre en saillie qui les ceinture aux 2/3
de leur hauteur et qui avait pour but d'empêcher les rats, fouines
et belettes de pénétrer par les ouvertures supérieures.
Ces dernières ont aussi une fonction, celle d'assurer l'aération
et l'ensoleillement indispensables de l'édifice. Des plages
d'envol ou de repos des pigeons à proximité des lucarnes,
complètent le dispositif. Ces constructions étaient généralement
enduites de chaux à l'extérieur comme à l'intérieur. |
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Restes actuels du pigeonnier à pied du Domaine de la Mauvinière, qui comprend environ 300 boulins en pierre. | Fuye ronde du Domaine du Bouil (Champagne) qui porte la date de 1597 | |
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Colombier d'Arbrecourt |
Restes
de la fuye du Logis de Dercie (XVII° siècle) qui comptait
400 boulins en pierre, mais qui a perdu lucarnes et toiture.. |
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Mais
c'est surtout l'intérieur de ces pigeonniers qui présente
une structure tout à fait caractéristique: des milliers
de cellules, appelées boulins, le plus souvent en pierre, superposées
sur plusieurs mètres de hauteur à la manière d'un échiquier,
permettaient d'accueillir les pigeons pour qu'ils puissent y pondre,couver
et élever leurs petits. Dans ces grands colombiers féodaux
qui pouvaient accueillir jusqu'à 2000 pigeons comme celui du
Domaine du Bouil (photographié plus haut), des échelles
fixes montées sur un bâti pivotant, permettaient de balayer
l'ensemble des boulins. Il s'agissait en effet de récupérer
les pigeonneaux pour la consommation, mais aussi et surtout la fiente
des pigeons, la colombine, précieux engrais qui mélangée à du
terreau, servait à amender les cultures de lin, de chanvre,
les vignes et les potagers. Les propriétaires de colombier s'assuraient
donc un avantage certain, les fuies leur procurant un rapport très
lucratif. |
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Coupe
interne d'un pigeonnier au XVII° siècle selon l'Encyclopédie
de D'Alembert et Diderot. Détails
des boulins en échiquier. |
Détails
de l'intérieur en coupe d'un colombier à pied avec
ses boulins répartis sur plusieurs mètres de hauteur
et ses échelles fixes sur bâti pivotant (Dictionnaire
raisonné d'architecture française du XI° au XVI° siècle
par Viollet Le Duc). |
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Avec
le temps, les droits de colombier ont été assouplis, "les
propriétaires de 36 arpents (15 ha 20 ares) ayant
le droit de joindre à leur habitation, non un colombier construit
en maçonnerie, mais un pigeonnier en bois de 16 pieds de hauteur
(5,28m ) et pouvant contenir seulement de 60 à 120
boulins" (cf Viollet Le Duc, op.cité). A
côté des grandes fuies seigneuriales, se sont donc multipliés,
surtout au XIX° siècle, de petits pigeonniers ruraux et
domestiques, surélevés, le rez de chaussée étant
réservé à d'autres usages (poulaillers, chais,
etc.) et les pigeons étant quelquefois simplement logés à l'étage
supérieur de la maison dans un grenier s'ouvrant par une ou
des lucarnes à trous. |
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Pigeonnier rustique de la Petite Eguille, surmontant un poulailler | Lucarnes d'envol dans un grenier du Breuil | Lucarnes d'envol à Mornac au-dessus de chais de distillerie |
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Pigeonnier
rural à Souhe, en échiquier avec des plateformes
d'envol devant chaque lucarne |
Lucarnes d'envol dans un chais de Nieulle |
Pigeonnier
rustique à la Petite Eguille |